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Culture Foot

2004, l’Odyssée grecque

La Grèce, ce Minotaure qui a piégé un par un ses adversaires dans son labyrinthe tactique, réalisait un exploit retentissant en devenant champion d’Europe. L’Olympe pour ce nain du football.

 

 Dix-sept ans après, on se frotte encore les yeux lorsqu’on consulte le palmarès du championnat d’Europe. Après les Danois en 1992, les Grecs promis à une élimination précoce soulèvent la coupe en 2004 contre toute attente. Une Odyssée improbable faite de tactique, de chance, d’exploits dignes des plus grands mythes antiques, le tout en pratiquant un football aussi digeste qu’un grec sauce blanche.

 Otto roule au super

L’homme à l’origine de l’impossible est allemand. Otto Rehhagel, qui a mené le Bayern de Munich à un titre de champion d’Europe en 1996, est appelé au chevet d’une sélection grecque qui reste sur un triple échec lors des qualifications (Euro 96, Mondial 98, Euro 2000). Autant dire que la tâche s’annonce ardue pour faire briller une équipe composée de joueurs mineurs peu talentueux, plus habitués à regarder les grands rendez-vous en claquettes plutôt que de chausser les crampons pour défendre les couleurs nationales. Mais Otto a une idée. En fin tacticien, il imagine un bloc défensif aussi imposant que le colosse de Rhodes et compte sur le physique athlétique de ses attaquants pour jouer le contre et marquer à la moindre occasion. Le plan va marcher à la perfection.

Otto le coquin adepte du plan à trois… centraux (AFP)

 Hellènes et les garçons

Après un premier tour en demie teinte, seulement qualifiés à la faveur d’une meilleure différence de but avec l’Espagne, les guerriers grecques frappent un premier coup de tonnerre de Zeus sur la tête dégarnie de Zidane, artiste sur le retour qui rêvait de mener l’équipe de France à un nouveau sacre. Seulement, rien ne déstabilisera le bloc grec. Charisteas , éphémère attaquant d’Arles-Avignon cancre de la Ligue 1 en 2010, conclut le chef d’œuvre tactique par un but de la tête qui terrasse froidement les champions du monde et d’Europe en titre. Hellas… Trois fois Hellas…

C’est la Féta la maison ! (crédit Keystone)

Champion d’Europe, ce pied grec

En demi-finale, les Tchèques connaissent la même déconvenue. Les Grecs appliquent le plan d’Otto le manitou en développant un football défensif à des années lumières du Joga bonito mais diablement efficace. Dellas inscrit le seul but de la rencontre en prolongations et voilà les Hellènes qualifiés pour une finale inespérée qui semble plier d’avance puisque se présente le Portugal de la jeune pépite Cristiano Ronaldo qui joue en plus à domicile. Mais le scénario grec huilé à la perfection va se répéter. Une défense de fer, et un but. Un seul but de Charisteas propulse la Grèce vers l’Olympe qui signe là l’exploit majeur de son histoire.

Cette performance tactique fut un tel phénomène qu’elle demeure toujours aujourd’hui une étude de cas dans le cycle de formation des entraineurs professionnels. Un nouveau chapitre de la mythologie grecque à potasser en somme.

 

*Hellène : de la Grèce ancienne ou moderne

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